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Les Mafiosociopathes

13 décembre 2009

Le Cahier — I

    On m’a demandé de tenir un journal sur la mafia française. En gros, je dois espionner les French. Justement, depuis que j’ai découvert leur existence, ils me fascinent.
    Je garderai ma véritable identité anonyme, comme de coutume ; on m’appelle “?”, alias “X”. Si ce calepin tombe entre les mains de la LCPD, je tiens à souligner le fait qu’en aucun cas ces pages ne pourraient être utilisées en tant que des preuves ou des indices. Aucun fait marqué ici ne sera vérifié ; ce ne seront que spéculations et ragots sans preuve.

*
**


    C’est Droopyman qui est venu le premier à Liberty City, sur ordre de son oncle qui sortait — ou s’évadait ? — tout juste de l’asile. Droopyman avait dix ans lorsqu’il a été amené ici avec Gay. Ils ont été élevés par d’autres French, amis de la famille de Droopyman. À seize ans, celui-ci gagnait déjà plus de quatre mille dollars par mois grâce à sa petite affaire de drogue. Son petit frère Little Man l’a rejoint dans ces années-là, où le futur parrain commençait sa remarquable ascension. Little Man, grâce à son esprit ouvert et à sa culture “peace and love” assez appréciée par certains, permit à son frère de faire de nouvelles affaires, toute aussi fructueuses que les anciennes, voire plus. Gay, lui, se chargeait du “sale boulot” (des livraisons, entre autres), mais ça ne le dérangeait pas. Au moins, il avait quelque chose à foutre.
    Ces trois-là, ensemble, forment un solide trio. Par la suite, ils ont été rejoints par d’autres encore, toujours de l’entourage proche de Droopyman ou bien de sa famille, d’ailleurs très influente en France.

    On m’a demandé de faire tout pour que ce soit clair, alors voilà les informations importantes que j’ai pu réunir à ce jour sur chacun des membres :

Nom : Droopyman
Âge : 23 ans.
Rang : Parrain.
Caractère : Discret et inexpressif en temps général ; cependant sous ces airs moroses se cachent un coureur de jupons inavoué et un sens de la droiture excessivement pointu, doublé d’une formidable aversion pour les disputes bruyantes.

Nom : Little Man
Âge : 18 ans et demi.
Rang : Il n’a apparemment pas de rang bien défini ; c’est peut-être le membre le plus important aux yeux de Droopyman, étant donné qu’il semble entretenir un lien fraternel très fort avec lui.
Caractère : La plupart du temps en train de planer à cinq milles ; il est d’un naturel calme, posé, voire gentil.

Nom : Gay
Âge : 25 ans.
Rang : Bras droit et surtout “homme à tout faire” de Droopyman ; on peut aussi dire “homme de main”, non ?
Caractère : Discret, renfermé, gentil, posé, dans la lune. Ailleurs, quoi…

Nom : Power Ranger
Âge : 19 ans.
Rang : Inconnu — petit neveu de Droopyman.
Caractère : Tantôt docile, tantôt rebelle. Manque d’informations le concernant.

Nom : Vi
Âge : moins que Droopyman (on ne demande pas son âge à une dame !).
Rang : Euh… épouse de Droopyman, ça marche ?
Caractère : Agréable quand elle le veut et si elle le veut ; elle peut se montrer sous un tout autre jour quand ça lui chante, histoire de changer ; elle n’aime pas le “non-mouvement” et les gens qui n’ont pas de parole, pas d’honneur.

Nom : Pelucheman
Âge : 23 ans.
Rang : Inconnu — meilleur ami d’enfance de Droopyman.
Caractère : Sadique apparemment, pouvant être carrément cruel ; il s’excite (dans le mauvais sens) facilement pour pas grand-chose ; il est très susceptible ; dangereux. (Je crois avoir compris qu’on ne lui confiait pas d’arme à cause de son caractère trop impulsif.)

Nom : Larousse
Âge : Inconnu.
Rang : Aucun ; on la rattache à la mafia française car c’est la petite amie de Pelucheman.
Caractère : Capricieuse. Manque d’informations à son sujet.

Nom : Mawyne
Âge : Inconnu.
Rang : Aucun ; elle semble seulement tourner autour de Pelucheman.
Caractère : No data.

*
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    J’envisage sérieusement de m’infiltrer dans leur organisation afin de réunir plus d’informations. Gagner leur confiance sera l’étape la plus dure. Ensuite, il faudra l’entretenir et la solidifier, ce qui ne sera pas non plus une partie de plaisir. Mais j’aimerais bien leur parler, ne pas faire que les observer ; je voudrais être des leurs.
    Une question trotte encore dans ma tête : à quoi vont servir ces informations que je réunis ? Bah, de toute façon, ils ne sont pas gênants pour nous, donc je ne pense pas qu’on ira les attaquer de si tôt. J’ai envie de m’amuser un peu ; ce serait dommage qu’ils disparaissent déjà.

*
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1 décembre 2009

Equivalences et liens

[Nan, z'avez pas droit au troisième chapitre, na ! :P De toute manière je l'ai pas, là, vu que je suis sur un PC (:@) au bahut...]

[Edit : Maintenant que je suis chez moi, je me tâte, pour le troisième chapitre…]

Bonjour/Bonsoir, peut-être ?

Je vais vous parler dans cet article des équivalences (qui [personnage fictif] est qui [personne réelle] ?) et des liens entres les personnages (pourquoi lui/elle et lui/elle sont-ils/elles… ?).

*********

D'abord, la liste "who is who" (with "why" and perhaps with "how"… ?) :

Droopyman : Paul
Parce que, depuis la quatrième, je l'appelle Droopy[man], à cause de sa tête de dépressif/désespéré/fatigué. Pour moi, c'est son sosie humain, quoi ! Notons quand même que Paul sait se montrer expressif ; et puis, soyons objectifs : il est plus beau qu'un chien blanc pas coiffé.

Vi : Virginie
Euh... j'avais pas d'idée pour son nom. --' C'est vrai : "Miss Parfaite", ça le fait pas... (Parce qu'elle est vraiment jolie, gentille, superbe, et bla et bla et bla ; je la couvre déjà de compliments dans mes pensées, je vais pas tout étaler ici...)

Little Man : Emmanuel
Why ? Because... Manu. Nan ; en fait because of son côté "space" (dont je suis une fervente admiratrice), j'ai fait une assimilation entre lui et Little Jacob (de GTA IV :D)... Comment ça, ça n'a aucun rapport ? Si : j'adore Little Man et L.J. !

Power Ranger : Romain
Euh, pourquoi... est une bonne question. Peut-être à cause de son célèbre "pbhrooooow", si exagéré qu'il me rappelle au loin les Power Rangers, si ridiculement fantastiques... et exagérés, eux aussi.

Enzo : Enzo
Je me voyais mal mettre "Fishlips", pour tout dire... Et puis le rôle de la mère autoritaire, c'est en rapport avec une photo... que je rajouterai un jour, peut-être.

Pelucheman : Louis
Au terme d'une discussion virtuelle avec son frère, ce surnom m'est venu, comme ça, "tilt !" (attention, c'est pas tous les jours que mon cerveau fonctionne...). Parce qu'on a beau dire qu'il a une gueule d'ange, je suis pas d'accord ; pour moi un ange, idéalement, il est beau ; Louis, il est surtout mignon… comme une peluche. :D'

Gay : Guillaume
Alors non, il n'est pas gay. Simplement "Guigui", bah... bof. Alors que "Gay", ça sonne bien, si on oublie que ce mot a un sens.

Zoey : Manon
Me demandez pas pourquoi : le truc m'est venu comme ça, hop…

*********

Ensuite, parlons des liens entre les personnages…

Si je fais un arbre pseudo-généalogico-amical, ça donne ça :

[image à venir quand j'aurai le temps et l'envie]

Voilà. :P

28 novembre 2009

Chapitre II

    La musique. Pour Little Man, c’était l’une des plus belles inventions de l’homme, de toute l’Histoire de l’humanité. Après tout, la musique n’avait-elle pas été un pilier pour le mouvement hippie ? De ce fait, Little Man se baladait toujours avec son iPod dans la poche de son jean et une ou deux batteries de rechange. Il appréciait le silence, aussi, mais le silence pur : surtout pas celui qu’offre les parcs, avec les cris des gamins. À la limite, le gazouillement des oiseaux était mélodieux et le ramenait à la nature ; un autre pilier des hippies. Sans oublier sa fumette de marijuana presque tous les jours et la prise de temps à autres de LSD. Ses habits orientaux terminaient de faire de lui un hippie fini.
- Arrête un peu ce boucan ! gueula Pelucheman qui essayait de se concentrer sur ce que disait son ami l’ourson cousu sur sa poche poitrine.
    Little Man, complètement obnubilé par sa musique, n’était même pas conscient de la présence de Pelucheman. Ce dernier, plus qu’impatient lorsqu’il s’agissait de peluches, arracha le casque des oreilles du hippie.
- Eh ! protesta l’agressé.
- Vos gueules ! hurla Droopyman.
    Droopyman supportait relativement bien les énormes bruits qui sortaient du casque de son petit frère, mais pas du tout les gens qui criaient autour de lui.
    Tous trois, accompagnés de Gay qui faisait — une fois de plus — le chauffeur, se trouvaient dans une voiture noir chromé aux vitres teintées et aux sièges en cuir couleur bordeaux. Luxueuse, mais pas excessivement spacieuse. Little Man était assis à la droite de Gay, à la place du mort ; Droopyman et Pelucheman se trouvaient respectivement aux places des grands brûlés de droite et de gauche.
    Cela faisait une demi-heure qu’ils roulaient en direction de la Bank of Liberty. Cela faisait une demi-heure que Little Man écoutait sa musique avec le son au maximum. Une demi-heure que Droopyman réfléchissait sur ce fond sonore plutôt singulier de nos jours — mais presque habituel pour lui — au plan qu’il avait fini de mettre au point une semaine plus tôt ; plan qui allait être exécuté aujourd’hui. Une demi-heure que Pelucheman tentait de dialoguer avec son nounours. Une demi-heure que Gay se demandait s’il n’allait pas finir fou, lui aussi… ou bien l’était-il peut-être déjà ?

 

- Bonjour. Je suis Monsieur Boum et voici mon assistant, Lawrence, et mes deux associés : Monsieur Vroum et Monsieur Piouf. J’ai téléphoné au patron, il y a deux jours ; il m’a dit qu’il serait là aujourd’hui.
    Droopyman connaissait son discours par cœur. Cela faisait des jours qu’il le répétait, inlassablement, trois ou quatre fois devant son miroir avant d’aller se coucher. Vi commençait à en avoir un peu marre : cela nuisait, étrangement, à ses performances sexuelles.
    L’employé de la banque devenait tout pâle, suait, tremblait légèrement ; angoisse face à un client important ou crainte face à des hommes sans doute influents, armés et pas patients ? Le patron était effectivement là, mais il était avec la nouvelle secrétaire dans son bureau et avait demandé à n’être dérangé sous aucun prétexte. Le pauvre jeune homme essaya d’articuler :
- Il… Il a demandé à ne pas être dérangé pour le moment. Si vous voulez bien… l’attendre… dans le couloir à côté de son bureau… là, sur votre droite.
    La vérité, c’était que le directeur était un homme vaniteux, se croyant au dessus de tout (même des familles italiennes qui étaient toujours prêtes à couper le fil qui le maintenait en vie). De ce fait, il avait totalement oublié qu’il avait une transaction importante à effectuer aujourd’hui, et avait décidé de prendre un peu de bon temps dans son bureau afin de tester les capacités de sa nouvelle employée.
    Agrippé à son guichet, le garçon déglutit avec difficulté, puis attrapa doucement le téléphone pour appeler son patron. Il approcha l’appareil de son oreille tout en desserrant sa cravate. Quand finalement son supérieur daigna répondre — en gueulant et en menaçant le malheureux de le renvoyer — il mit cinq bonnes minutes à se faire comprendre.
- Mais enfin, imbécile ! Il fallait le dire plus tôt !
- Oui, Monsieur Lorent. Je suis désolé, Monsieur Lorent. Bien, Monsieur Lorent, je vais le leur dire tout de suite. Veuillez encore m’excuser, Monsieur Lorent.
    Il raccrocha, trop heureux d’avoir évité la catastrophe. Puis il alla voir “Boum”, “Lawrence”, “Vroum” et “Piouf”. Il avait retrouvé son calme, et pensait clairement à présent : ces clients avaient des noms vraiment bizarres ; pour ne pas dire carrément cons.
- Monsieur Lorent, le directeur, m’a dit de vous faire entrer. Si vous voulez bien me suivre…
    Il fit cinq mètres et ouvrit une porte blindée qui devait bien faire une petite tonne. Vraiment parano ce directeur, pensa Droopyman tandis que Pelucheman devait se retenir d’afficher un immense sourire d’excitation. Little Man se concentrait sur une musique qu’il avait en tête et répétait tout bas : “Peace and Love” en tenant son pendentif éponyme. Gay traînait, sans que ce fût trop visible, un peu des pieds et regardait ses pompes qui n’étaient plus très neuves. Il faut que je les change, se dit-il.

 

- Comment ça vous ne pouvez pas prendre mon argent ? Vous insinuez qu’il est sale, peut-être ? s’insurgea Droopyman qui n’aimait pas la tournure que prenaient les choses.
- Je n’insinue rien du tout, Monsieur Boum — quel nom débile. Je ne fais que constater un fait.
- Je m’en vais faire constater à votre médecin que vous avez une case en moins, moi ! renchérit Pelucheman.
    Gay restait toujours à contempler ses chaussures pendant que tout le monde se hurlait dessus autour. Même le surdétendu et lunatique Little Man avait pris part au conflit en avançant que cet argent était tout ce qu’il y avait de plus propre au monde, et ne pas le prendre était une erreur grave et inadmissible ; impardonnable !
    Mais au bout de cinq minutes, on se calma. Droopyman se rassit et dit aux autres de faire de même. Il reprit, l’air un peu crispé :
- Veuillez nous excuser. J’ai mis longtemps à rassembler cet argent avec mon associé — qui n’a pas l’air concerné le moins du monde, et nous ne comprenons pas pourquoi vous ne voulez pas nous donner des lingots de messieurs Vroum et Piouf en échange.
- C’est bon, je vais faire comme si de rien était pour cette fois-ci, répondit Lorent.
    Droopyman fronça les sourcils. Ce gros et flasque directeur, tout ridé et décrépi, que la calvitie gagnait, se prenait pour le roi du monde, pour oser leur parler sur ce ton !
- Si je ne peux pas prendre votre argent, Monsieur Boum, c’est à cause de la nouvelle loi concernant les transactions de ce type qui va être mise en application dans quelques jours. Personne ne sait de quoi il s’agit, mais à l’avenir, il faudra sans doute présenter bien plus que des papiers d’identité et des billets verts. On parle d’empreintes digitales et dentaires, de prises de sang et d’interrogatoires spéciaux en cas de doute. À l’approche d’une telle réforme, vous comprenez bien que je ne peux pas me permettre d’échanger une si grosse somme d’argent contre les lingots du compte de l’un de mes meilleurs clients.
- En fait, vous doutez de moi, dit Droopyman, de nous, et donc vous voudriez que nous attendions une semaine, le temps que cette nouvelle loi dont je n’ai jamais entendu parler soit mise en vigueur.
- Exactement.
- Vous vous foutez vraiment de nos gueules ! s’exclama Pelucheman qui discutait jusqu’alors avec son nounours.
    Droopyman et ses trois amis se regardèrent une seconde, comme pour se poser la question : on le laisse en vie ou on le tue à petit feu ? Puis le parrain fit un petit signe de la main à son frère qui sortit un pistolet de sa veste et le pointa sur le directeur.
- Très bien, monsieur le directeur… ou devrais-je dire Lorent le bouseux ? s’esclaffa Droopyman.
    Le directeur écarquilla les yeux à un tel point qu’on eut l’impression qu’ils allaient sortir de leur orbite.
- Oh, et ne pensez même pas à appuyer sur le petit bouton placé sous votre bureau pour appeler la sécurité. D’une part, il n’y a pas de caméra ici — sinon n’auriez-vous pas honte que vos propres employés épient vos ébats sexuels avec les secrétaires ? — et d’autre part, cette porte est bien trop lourde pour que quiconque la force. Et on ne peut entrer que si l’on est en possession de la clé magnétique que vous avez toujours pendue autour du coup ; elle est unique au monde. Une seule de ces informations serait-elle fausse, monsieur le Bouseux ?
    Le directeur fit non de la tête. Il était à deux doigts de faire dans son pantalon. Ce surnom, le bouseux, remontait à si loin, mais les souvenirs étaient toujours si nets, comme s’ils dataient d’hier ! Lentement, en suivant les mouvements du pistolet braqué sur lui, il s’éloigna de son bureau.
- Bien. Il est obéissant, le gros… pardon, le Bouseux, dit Pelucheman en se fendant d’un sourire purement sadique. Maintenant, est-ce que la transaction est possible ?
    Lorent hocha la tête avant de s’évanouir. Petite nature ! se dit Gay qui quitta alors des yeux ses chaussures.

28 novembre 2009

Chapitre I


- Droopyman, acceptez-vous de prendre pour épouse Vi ici présente ?
    Droopyman souriait doucement. C’était un jour important. Comme tant d’autres… Mais il devait avouer que sa femme était tout bonnement magnifique aujourd’hui, avec sa longue robe en fine dentelle blanche et en dorure. Ses beaux cheveux blonds formaient de délicates anglaises à la hauteur de ses épaules. Elle avait mis de la poudre pour éclaircir son teint, et du rouge à lèvre écarlate ; cela finissait simplement de la rendre irrésistible. Pour cela, il pouvait…
- Oui, je le veux.
    … Il devait sourire.
- Vi, acceptez-vous de prendre pour époux Droopyman ici présent ?
    Sur l’instant, Vi pouvait presque dire qu’elle était amoureuse de Droopyman. Après tout, elle était sur le point de devenir la femme française la plus influente de Liberty City, grâce à lui. Et puis, pour un homme, il n’était pas difficile, et même plutôt facile à vivre. Elle n’avait pas à se plaindre.
- Oui, je le veux.
    Vraiment pas.
Vous pouvez vous embrasser.
    Et ils s’exécutèrent. Tout le monde dans l’église se leva et applaudit plusieurs minutes les nouveaux mariés. Ils étaient beaux, ils étaient riches, ils semblaient d’un abord plutôt sympathique (bien que Droopyman n’eût pas souvent l’air emballé dans quoi que ce soit, mise à part la langue des dames), ils étaient influents, voire importants ; et ils étaient mariés.
    La mère de Droopyman, Enzo, recueillit dans son mouchoir en soie blanc une larme qui coulait sur sa joue. Enfin, son fils aîné s’était marié. Elle baissa les yeux vers Little Man, son second fils, l’air de dire : « Toi aussi, il faudra que tu y passes. Et compte sur moi pour t’y obliger, s’il le faut. » Son vœu le plus cher était de voir ses deux enfants réussir leur vie ; cela impliquait réussites professionnelle et sociale : l’argent et une femme, au moins. Elle était donc très fière de voir Droopyman marié à une si belle fille. Bien qu’Enzo n’appréciât pas Vi au premier abord.
    À la droite d’Enzo, Little Man enfumait tout le monde avec son joint “spécial pour grandes occasions”. Il souriait en regardant dans le vide, du côté des mariés, en tenant sa drogue dans sa main droite ; dans l’autre il serrait doucement son pendentif “peace and love”. Pour aujourd’hui, il avait mis ses plus beaux habits : un jean délavé, des sandales indiennes neuves, une veste à fleurs et un gilet en peau de mouton. Autant dire qu’il faisait tache dans le décor. Ses pensées semblaient tout aussi embrumées que les gens autour de lui. Seule Enzo supportait sans faillir cette odeur singulière, cette sensation étrange de planer. Little Man partit finalement en pleine discussion avec Dieu : « Ouais, pas mal, ton église, ouais… Dis-moi, Jésus, il fumait quoi pour s’être laissé crucifier aussi facilement ? Fils de Dieu… fils de vierge… Fils de pute, ouais ! (Little Man riait en son fort intérieur, plus ou moins déconnecté de toute raison.) Et puis d’abord, c’est quoi ces histoires de testaments ? Admettons que l’ancien, c’était celui adressé à ton fils… — Donc Dieu est un amateur de pute. — Le nouveau, il est pas si neuf que ça. Et dans le nouveau, tu lègues ton plein pouvoir à qui, hein ? Pourquoi pas Droopyman, tiens, en cadeau de mariage… Ouais, ça ferait un beau cadeau. »
    À la gauche d’Enzo se trouvait Power Ranger, le petit neveu de Droopyman. (Ils avaient seulement quatre ans de différence, et donc se considéraient plutôt comme des cousins.) Il ne voyait pas du tout d’un bon œil ce mariage et semblait terriblement sceptique quant à la durée de cette union. Il décida de sourire, quand même, parce qu’il pouvait remercier Droopyman pour une chose : aujourd’hui, Vi, dans sa tenue de mariée, était resplendissante, ce qui valait amplement le détour. Vivement qu’ils divorcent, pensa-t-il, qu’elle puisse se faire à nouveau belle comme ça, pour son mariage… avec moi.
    Sur le banc d’à côté, on trouvait Pelucheman, le meilleur associé de Droopyman. Comme d’habitude, il était en costard-cravate ; comme d’habitude, il portait un sac à dos en forme de peluche d’une propreté impeccable ; comme d’habitude, il avait, sur sa poche poitrine, cousu un petit nounours blanc qui souriait tendrement. C’était bien plus qu’un collectionneur : c’était un passionné de peluches ; en plus d’être un maniaque de la propreté. Lui, il se foutait plus ou moins de ce mariage. Oui, la mariée était belle. Oui, le marié était son ami d’enfance. Mais il se fichait considérablement de la vie des autres. Il était content, néanmoins, de voir Droopyman l’air heureux. Le nounours aussi était content, aujourd’hui.
    Pelucheman était entouré par deux jolies filles : Larousse, sa petite amie, et Mawyne, une fille tout droit sortie de nulle part qui le suivait partout comme un chien. Il n’avait pas à se plaindre, lui non plus.
    Enfin, sur un banc derrière, Gay, le grand frère de Larousse et le premier homme de main de Droopyman — autant dire un homme de confiance — et Zoey, la nouvelle intendante du parrain, regardaient la scène sans broncher. Ils se demandaient comment allait se conduire cette “Vi”, à l’avenir. Leur donnerait-elle du fil à retordre ? Gay n’espérait pas avoir à la forcer à rentrer chez elle, après une soirée trop arrosée, parce qu’elle ne saurait pas se tenir. Zoey n’espérait pas avoir plus de tâches à effectuer dans ses journées déjà chargées parce que madame voudrait qu’elle allât faire des courses pour elle ou quoi que ce soit du genre. Ils croisaient les doigts, donc, ensemble, totalement inconscients d’être sur la même longueur d’onde à ce moment précis.

    L’après-midi, après plusieurs séances photos et discours de remerciements à n’en plus finir, tout le monde rentra chez soi. Il fallait se préparer pour la fête du soir.
    En franchissant le pas de la porte, Droopyman sentit ses jambes fléchir. Il se laissa tomber un peu plus loin dans un fauteuil en bois sculpté, orné d’anges et de dragons. Il était un peu plus que fatigué par ces heures de promenade où on l’avait fait s’arrêter tous les dix mètres pour prendre trois à six photos, sous un soleil de printemps brûlant comme en été. Vi ne semblait guère plus fraîche, et alla dans la cuisine se servir un verre d’eau douce. Cette eau du Mont Everest était plutôt potable. Elle demanda à son nouveau mari s’il en voulait. Celui-ci fit “non” de la tête et lui répondit qu’il voulait un Jack Daniel’s avec deux glaçons. Vi parut embêtée : elle ne savait pas où c’était. Zoey lui montra donc l’endroit, et servit sa commande à monsieur. Droopyman fit signe à Zoey et Gay de se retirer, puis à Vi de venir sur ses genoux.
- Alors, comment s’est passée ta journée ? demanda-t-il.
- Plutôt bien. C’était épuisant, mais c’était agréable, quelque part.
- Et si on faisait quelque chose d’encore plus agréable, maintenant ?
- Tu as encore assez d’énergie pour ça ? Moi je veux bien, mais ne compte pas sur moi pour mener la danse.
    Droopyman sourit. Depuis le petit matin, il retenait son envie folle de posséder sa femme. Sans compter qu’elle était incroyablement magnifique aujourd’hui. Ils étaient tous les deux brûlants de désir ; pas besoin de préliminaires. Il la prit d’abord directement dans l’entrée, sur son fauteuil. Puis, sans arrêter les mouvements de leurs hanches, ils firent une halte de plusieurs minutes dans l’escalier, où Vi s’accrocha à la rambarde et mordit ses lèvres pour ne pas crier son plaisir. Ils finirent dans la chambre, où Elle et Lui ne retinrent plus leur voix très longtemps.
Ils n’ont pas l’air si fatigué que ça, dis donc, plaisanta Gay en entendant les gémissements à l’étage.
    Il se rendit alors compte que ça l’excitait, et alla s’enfermer dans la salle de bain.
    Zoey soupira sans faire de commentaire.

    Le soir.
    Droopyman et Vi présidèrent la soirée de manière honorable. Certes, les invités finirent la fête presque tous ivres morts. Certes, on en avait retrouvés plusieurs en pleine partie de jambes en l’air dans les toilettes. Certes, lorsqu’on avait apporté le gâteau, une sale gamine sortie de sous une table avait failli faire tomber le montage. Certes, des cons s’étaient insultés et balancé des assiettes pleines à la figure. Certes, on avait dragué les mariés ce soir-là, le jour de leur mariage, ce qui est en soi totalement inacceptable. Mais il n’y avait pas eu de morts ; personne n’avait fini dans le fleuve que surplombait le luxueux restaurant ; la garce miniature avait été punie ; et, surtout, la police n’avait pas débarqué sans prévenir. Car ça, ç’aurait vraiment foutu la soirée en l’air.
    La fête dura jusqu’au petit matin ; beaucoup rentrèrent en taxi, avec une gueule de bois des plus remarquables. Droopyman et Vi ne dérogeaient pas à la règle ; Gay les ramena à la maison en soupirant. En tant que chauffeur attitré des nouveaux mariés, il n’avait pas eu le droit de boire ; pas plus que celui de se reposer.

28 novembre 2009

Prologue


    Liberty City, la ville des opportunités.
    Située sur la côte Est des États-Unis, elle accueille chaque année des dizaines de milliers d’immigrants. Certains sont venus pour fuir le plus loin possible du communisme. D’autres sont là seulement pour s’enrichir et envoyer l’argent à leur famille ; ils ne savent même pas comment, mais ils comptent bien y parvenir un jour. Somme toute, ils sont tous plus ou moins venus pour vivre un mythe : le rêve américain.
    Entre les européens de l’Est (Polonais, Serbes, Albanais, et cætera…), les Russes, les Asiatiques (Chinois, Vietnamiens, Taïwanais, Cambodgiens, et cætera…) et les Noirs (Jamaïcains, Cubains, Portoricains, et cætera…), on ne compte plus le nombre de “non-Américains” pauvres de cette ville. C’est un carrefour des cultures, des langues et des traditions. Ainsi, tôt le matin, vous verrez les Chinois faire leurs exercices en groupe, avant le travail, pour se maintenir en forme ; à midi, dans un petit restaurant italien, on servira à un Polonais une salade de pâtes et des spaghettis ; le soir, les sans-abris se grouperont autour d’un feu de fortune, les dealeurs apparaîtront le long des trottoirs, des Noirs chanteront du Reggae en fumant le calumet de la paix.
    Pourtant, il y a bien quelques riches étrangers installés à Liberty City. On trouve ces familles italiennes, toutes plus ou moins mafieuses, qui roulent dans des Lamborghini et des Ferrari, qui se droguent avec la Rolls de la beuh, qui fréquentent quasi-quotidiennement les clubs privés les plus huppés de la ville, et qui trouvent même le temps de traiter de chiennes ou de garces les putes de luxe qu’ils engagent pour distraire leurs fils. Il y a aussi une ou deux familles arabes, propriétaires de gisements pétroliers, qui font tant bien que mal pour suivre le rythme effréné de Liberty City. Quant aux dealeurs qui ont “réussi”, on les compte par plusieurs dizaines, tellement Liberty City est grande ; ils se vantent d’avoir des appartements sur la plage, des villas à la montagne, des voitures de sport ridiculement puissantes… tous essaient d’atteindre le niveau quasi-divin de la légendaire mafia italienne… dont ils dépendent la plupart du temps. Et puis enfin, au milieu de ce bordel, il y a Droopyman et toute sa clique. Droopyman, le parrain de la mafia française.
    On pourrait se dire qu’elle doit faire bien pâle figure à côté de l’italienne. Mais ce n’est pas sous cet angle qu’il faut la voir. Non : il faut la considérer en se représentant bien chacun de ses membres, tous un peu plus dérangés les uns que les autres. S’ils se faisaient prendre, ils constitueraient une véritable mine d’or pour les psychologues. C’est comme des aliénés fantastiques et tout à fait fantasques qu’il faut les voir. Comme une immense famille de fous qui pensent, en fin de compte… exactement comme nous.

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28 novembre 2009

Présentations

Hello !

 

Moi c'est Olivia (alias lasadikpacifiste), mais bon il paraît qu'on s'en fout, alors passons à la suite.


 

Ici je posterai une nouvelle (une histoire "courte", quoi) titrée "Les Mafiosociopathes" et écrite par moi-même. L'histoire se déroule de nos jours (je crois) et raconte les déboires de la mafia française de Liberty City. Celle-ci compte pour membres (directs et (très) indirects) : Droopyman, Vi, Enzo, Little Man, Power Ranger, Gay, Pelucheman, Larousse, Mawyne, Zoey et "?" (qu'on appellera X).

 

Ça peut paraître (très) chiant comme ça, mais je pense pouvoir vous assurer que ça ne l'est pas ! Lisez d'abord le prologue et le premier chapitre ; si vous n'adhérez pas, libre à vous de partir !


Pour ceux qui voudraient tout savoir, je suis en seconde (première année de lycée, donc) et l'idée de cette nouvelle est partie d'un album photos sur Facebook (-__-). On y voyait des gars (et des filles) de ma classe (puisque c'était le repas de — ma — classe) ; et certaines photos laissaient vraiment à désirer tant elles semblaient pleines de sous-entendus bizarres.


 

Si ça vous intéresse, les écrits, je vous propose un blog (à moi) ainsi qu'un forum.

Notons que je taffe comme correctrice ici ; si la culture jap' ou quoi que ce soit s'y rapportant vous intéresse, faites-moi signe !

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